Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à ceux qui avaient été condamnés au dernier supplice, et on les laissait suspendus au gibet pour épouvanter, par ce spectacle, les malfaiteurs qui seraient tentés de les imiter. Cela se pratique encore de nos jours en plusieurs endroits de l’Italie.

3 Faciemque unguibus sectam, — Cette marque d’une extrême affliction était une coutume que les femmes observaient pour témoigner l’excès de leur douleur. Mais la loi des Douze Tables abolit cet usage chez les Romains.

CHAPITRE CXII. 1 Nec venit in mentem, quorum consederis arvis ? — Ce vers et le précédent sont empruntés au livre IV de l’Enéide, où ils sont employés à peu près dans le même sens que Pétrone leur donne ici. Dans Virgile, Anne, conseillant à Didon de ne pas rejeter les services d’Ënée, qu’elle aime en secret, lui rappelle qu’elle est dans un pays barbare, etc. Ici une servante, qui ne se sent pas d’humeur à mourir de faim, tâche de décider sa maîtresse à se rendre aux empressements d’un jeune homme qui ne lui est pas indifférent ; et, pour y réussir, elle lui représente l’horreur du lieu où elle se trouve : elle lui a déjà dit précédemment, en citant un autre vers de Virgile :

Id cinerem aut manes credis curare sepultos ?

« Croyez-vous qu’une froide cendre et des mânes inanimés se soucient de vos regrets ? »

2 Ne hanc quidem partem corporis mulier abstinuit. — Ce passage de notre auteur est remarquable par l’extrême retenue avec laquelle il exprime une idée assez gaillarde ; Pétrone parle dans la suite avec une égale pudeur de l’organe de la virilité, lorsqu’il dit : Quum a parte corporis quam ne ad cogitationem quidem admittere severioris notae homines solent, etc. Cet endroit et plusieurs autres prouvent que Pétrone, en nous offrant le tableau fidèle de la corruption des mœurs de son siècle, a cependant montré plus de retenue dans ses expressions que Martial, Catulle et plusieurs autres que je pourrais citer, et chez lesquels

Nomen adest rebus, nominibusque pudor.

CHAPITRE CXIII. 1 Et erubescente non mediocriter Tryphaena. — On se doute, d’après les mœurs dissolues que Pétrone attribue à Tryphène, que ce n’était pas par pudeur qu’elle rougissait à la fin du récit d’Eumolpe, mais plutôt au souvenir de quelque aventure semblable à celle de la matrone d’Éphèse, et où elle avait joué peut-être un rôle encore plus coupable.