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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/409

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2 Expilatumque libidinosa migratione navigium. — C’est la première fois qu’il est fait mention du pillage de ce vaisseau dans les manuscrits authentiques. Lycas va y revenir dans le chapitre suivant : Vestem illam divinam, sistrumque redde navigio. C’est sur ces deux passages que Nodot s’est fondé, comme nous l’avons déjà dit, pour bâtir cette histoire du pillage qu’Encolpe et Giton font dans le vaisseau d’Isis au chapitre XI du Satyricon. C’était fort bien à Nodot de compléter le Satyricon pour le rendre plus intelligible ; mais il fallait se borner là, et ne pas chercher à donner le change aux lecteurs, en offrant ces suppléments comme l’œuvre même de Pétrone. Freinshemius et Brottier, savants illustres, qui écrivaient pour le moins en aussi bon latin que Nodot, n’ont jamais cherché à attribuer à Quinte-Curce et à Tite-Live les suppléments qu’ils ont faits à leurs ouvrages.

CHAPITRE CXIV. 1 Inhorruit mare, nubesque undique adductœ obruere tenebris diem. — Cette description d’une tempête est tracée de main de maître, et annonce le poëte qui va bientôt nous offrir un tableau si vrai, si énergique, des maux de la guerre civile.

2 Italici littoris Aquilo possessor.— Ces mots rappellent le Notus Adriœ arbiter d’Horace, et ce passage de Lucain, livre II, vers 454 :

.   .   .   .   .   .   Ut quum mare possidet Auster
Flatibus horrisonis.


On trouve aussi dans Properce, livre I, élégie 18 :

Et vacuum Zephyri possidet aura nemus.

3 In mare ventus excussit, repetitumque infesto gurgite procella circum-egit, atque hausic. — N’est-ce pas là de la véritable poésie ? Cette image de la mer, qui ne semble un instant lâcher sa proie que pour la ressaisir et la plonger de nouveau dans l’abîme, est digne de Virgile, et rappelle ces beaux vers de l’Enéide, livre I, vers 114 :

.   .   .   .   .   .   Ingens a vertice pontus
In puppim ferit : excutitur, pronusque magister
Volvitur in caput ; ast illam ter fluctus ibidem
Torquet agens circum, et rapidus vorat aequore vortex.

4 Prœteriens aliquis tralatitia humanitate lapidabit. — La religion païenne, par la loi appelée Jus pontificum, ordonnait, sous peine d’impiété, crime capital, à tous ceux qui trouvaient des corps sans sépulture, de les inhumer, parce que les anciens croyaient que Caron ne