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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/411

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(liv. VI, épigr. 63) adresse ces vers à un certain Marianus, dont l’héritage excitait la convoitise d’un de ces intrigants :

Scis te captari : scis hunc, qui captat, avarum ;
Et scis qui captat, quid, Mariane, velit.


Pline l’Ancien (liv. XIV, ch. 1) s’élève en ces termes contre cet infâme usage, de courtiser les vieillards pour obtenir un legs dans leur testament : Postquam cœpere orbitas in auctoritate summa et potentiel esse, captatio in quœstu fertilissimo, ac sola gaudia in possidendo : omnesque a maximo modo liberales dictœ artes, in contrarium cecidere, ac servitute sola profici cœptum.

Et Ammien Marcellin (liv. XVIII, ch. 4) : Subsident aliqui copiosos homines, senes aut juvenes, orbos vel cœlibes, aut etiam uxores et liberos, ad voluntates condendas allicientes eos prœstigiis miris.

2 Nemo liberos tollit : « personne ne lève ses enfants, » parce que la coutume, chez les Romains, était de poser à terre les enfants dès qu’ils étaient nés : si le père voulait prendre soin de leur éducation, il les levait et les embrassait ; au contraire, s’il n’était pas dans ce dessein, il les faisait exposer, et les laissait à qui les voulait prendre.

3 Videbitis... oppidum, tanquam in pestilentia campos. — Pétrone, en traçant cette affreuse caricature, songeait bien moins à Crotone qu’à la capitale de l’empire. Les descriptions que d’autres auteurs en ont faites sont d’une force de coloris également remarquable, et laissent de Rome une idée vraiment effrayante. Nous nous contenterons d’offrir à nos lecteurs le tableau suivant, tiré d’Ammien Marcellin, livre XIV, chapitre 6 :

« Si vous êtes, à votre arrivée à Rome, dit-il, conduit, comme un honnête étranger, chez un homme opulent, c’est-à-dire très-orgueilleux, vous serez d’abord reçu avec toutes sortes de politesses ; et, après avoir essuyé des questions auxquelles il faut le plus souvent répondre par des contes extravagants, vous vous étonnerez qu’un homme si considérable traite un simple particulier avec tant d’attention ; vous irez même jusqu’à vous accuser de n’être pas venu dix ans plus tôt dans un si beau pays. Mais lorsque encouragé par ce premier accueil, vous retournerez le lendemain pour faire votre cour, vous resterez là comme un homme inconnu et qui tombe des nues, tandis qu’on se demandera tout bas d’où vous êtes et d’où vous venez. A la fin, cependant, vous parviendrez à être reconnu et admis à la familiarité ; mais si, après trois ans d’assiduité, vous vous avisiez de vous éloigner le même espace de temps, on ne vous demandera pas à votre retour le motif de votre