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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/417

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pensé que par ces mots : populus Arabum sua despoliaverat arva, il fallait entendre les parfums si vantés de l’Arabie ; Bouhier, au contraire, dans ses corrections sur le texte de Pétrone, prétend qu’il ne s’agit ici d’aucune espèce de parfums, mais des diverses sortes de soies qu’on lirait de l’Afrique, chez les Numides et les Arabes, et de l’Inde, chez les Serres. Cela peut être ; mais comme l’examen de cette opinion nous entraînerait dans une trop longue discussion, nous nous contenterons d’extraire de ses notes des détails assez curieux sur les différentes espèces de soies dont, selon Bouhier, il est question dans cet endroit :

« La soie de la Chine, dit-il, est assez connue ; mais comme on connaît moins aujourd’hui celle de l’Afrique, il est bon de rappeler ce que les anciens en ont écrit. Pline nous apprend qu’elle se tirait d’une espèce de cocons qui se formaient sur des arbres du mont Atlas. L’Arabie n’était pas moins fertile que l’Afrique en arbrisseaux qui portaient cette espèce de duvet dont on tirait la soie. Pline en parle en plus d’un endroit ; et, avant lui, Hérodote avait dit qu’elle était d’un grand usage chez les Indiens. Ces soies sont aujourd’hui distinguées des autres par le nom de soies d’Orient, parmi nos commerçants, qui les disent produites par une plante, dans une gousse à peu près semblable à celle des cotonniers. »

Virgile a fait mention des soies de l’Afrique ci de la Chine dans les vers suivants (Géorg., liv. II, v. 120) :

Quid nemora Æthiopum molli canentia lana ?
Velleraque ut foliis depectant tenuia Seres ?


que Delile a rendus ainsi :

Là, d’un tendre duvet les arbres sont blanchis ;
Ici, d’un fil doré les bois sont enrichis.


L’illustre traducteur des Géorgiques me semble avoir sacrifié, dans ces vers, la fidélité à la précision. Si je ne me trompe, il fallait nommer les Éthiopiens et les Serres, ou du moins les contrées qu’ils habitaient.

5 Ut bibat humanum, populo plaudente cruorem. — « Quelles mœurs, quelles effroyables mœurs que celles des Romains ! s’écrie Diderot : je ne parle pas de la débauche, mais de ce caractère féroce qu’ils tenaient apparemment de l’habitude des combats du Cirque. Je frémis lorsque j’entends un de ces nouveaux Sybarites, blasé sur les plaisirs, las des voluptés de la Campanie, du silence et de la fraîcheur des forêts du Brutium, ou des superbes édifices de Tarente, se dire à lui-même : Je m’ennuie,