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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/419

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Ces huit vers n’ont pas besoin de glose. Les Romains, selon Pétrone, avaient reçu des Perses l’usage infâme et barbare dont il s’agit ici. Les commentateurs ont dit de fort belles choses sur cette espèce d’eunuques, tour à tour hommes et femmes, sans être ni l’un ni l’autre. Voyez surtout Paul Éginette et Frid. Lindinbrog.

7 Ac maculis imitatur vilibus aurum. Bouhier pense qu’il faut lire : Heu ! maculis mutatur. Saumaise lisait : Ac maculis imitatur vilius aurum. Quoi qu’en dise Bouhier, cette dernière leçon n’est pas si méprisable. Au reste, Hardouin, d’après un passage de Pline, évalue à cent vingt mille francs de notre monnaie le prix romain des belles tables de citronnier. Martial dit expressément qu’elles étaient plus précieuses que l’or. On trouve aussi dans Pline et dans Tertullien des choses presque incroyables sur le prix excessif que les Romains y mettaient. Le citrum ou citronnier, dont il est question, n’est pas celui que nous connaissons, mais un arbre beaucoup plus rare, et qui est perdu pour nous. Cicéron reproche à Verrès d’avoir enlevé en Sicile une table superbe, faite de ce bois inestimable. Dans la vente des meubles de Gallus Asinius, il s’en trouva deux de cette espèce, qui furent vendues si cher, que le prix eût suffi, dit Pline, pour acheter deux riches métairies. Ce luxe prodigieux dans les tables excita la bile de Juvénal. « Les tables de nos sobres aïeux, dit-il (sat. XI, V. 118), n’étaient faites qu’avec les arbres du pays : si par hasard l’aquilon renversait un vieux noyer, il servait à cet usage ; mais, aujourd’hui, les riches mangent sans plaisir, et le turbot et le daim leur semblent insipides ; les roses et les parfums blessent leur odorat, à moins que leurs tables ne soient soutenues par un grand léopard à gueule béante, fabriqué avec l’ivoire des plus belles dents que nous envoient Syène, la Mauritanie, l’Inde et les forêts de l’Arabie, où les dépose l’éléphant fatigué de leur poids. » — Le travail de ces tables l’emportait encore sur la matière ; elles étaient ornées de marqueterie, de nacre de perles et d’ébène. Mais ce qu’il y a de remarquable, c’est que l’ivoire était alors plus estimé que l’argent ; car, au dire du même poëte, les riches ne dédaignaient pas moins de faire usage d’une table avec un pied d’argent, que de porter un anneau de fer au doigt. Ce qui mit probablement cet objet de luxe en faveur, c’est que les Romains furent longtemps sans connaître les nappes et les serviettes. Non-seulement ces tables de citronnier étaient d’un prix exorbitant, mais il fallait, de plus, que, dans les salles à manger, tout répondît à cette magnificence, soit par la pourpre éclatante dont les lits des conviés étaient parés, soit par le multitude d’esclaves destinés a