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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/42

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belle passion, puisque c’était une affaire de deux personnes qui, à la première vue, devaient goûter les derniers plaisirs. »

Ce n’est pourtant pas sans quelque injustice peut-être, ou du moins sans un peu de prévention, que Saint-Évremond, après Douza, semble élever au-dessus de la Pharsale l’Essai de Pétrone sur la Guerre civile, et même son Fragment de la guerre de Troie. Mais, si le premier de ces morceaux, à peine composé de trois cents vers, ne peut être mis en parallèle avec un poëme en dix chants, il n’en étincelle pas moins de beautés sublimes. Quant au fragment de la prise de Troie, son seul défaut peut-être est de rappeler un des plus beaux épisodes de l’Enéide : sans le Laocoon de Virgile, celui de Pétrone pourrait passer pour un chef-d’œuvre.

Voilà sans doute de quoi contre-balancer les reproches qu’on a pu faire au style de Pétrone. Je n’ai parlé que de ses vers ; sa prose est peut-être plus élégante encore. Qui ne sait que La Fontaine lui doit son joli conte de la Matrone d’Ephèse ? et Bussy-Rabutin, en transportant dans les Amours des Gaules l’épisode piquant de Polyœnos et de Circé, n’a changé que le nom des acteurs.

Résumons-nous : 1° Pétrone, sans doute, n’a voulu faire qu’un roman ; 2° Le Satyricon peut être classé parmi les Ménippées ; 3° Son style est mêlé de beautés et de défauts ; mais risquerait-on beaucoup, en attribuant les beautés à Pétrone, et les défauts à ses copistes ?