Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


TROISIÈME PARTIE


Nous venons de traiter, en quelque sorte, l’histoire ancienne du roman de Pétrone ; traçons maintenant en peu de mots l’histoire moderne de ses fragments.


I
DES PRINCIPALES ÉDITIONS DE PÉTRONE.

Parmi les livres qui n’ont pu soustraire qu’une partie d’eux-mêmes aux outrages du temps, le Satyricon est un de ceux qui ont le plus souffert. Ce qui nous en reste n’est, comme nous l’avons déjà dit, qu’un mince débris de cet ingénieux ouvrage. Il contenait plusieurs livres, divisés en plusieurs chapitres : on peut citer, pour preuve de cette assertion, l’autorité des anciens glossaires et le témoignage des savants Daniel, Douza, Gonsalle, Saumaise, Burmann, etc. Encore le peu que nous avons du Satyricon ne nous est-il parvenu que par lambeaux. La première antiquité ne nous en avait transmis, jusqu’en 1476, que des fragments successifs. Était-ce, comme le croit Nodot, des collections qu’un homme studieux avait faites de quelques lieux choisis de cette satire ? Dans cette supposition, ne peut-on pas dire, avec Huet, que ce recueil eut le sort de tant d’autres, celui de faire négliger d’abord, puis bientôt perdre entièrement l’original, comme il est arrivé, par exemple, à Justin, abréviateur de Trogue-Pompée ? Faut-il, comme d’autres le veulent, accuser les moines, si longtemps possesseurs exclusifs des débris littéraires de Rome et d’Athènes, d’avoir mutilé Pétrone dans les endroits que leur pudeur