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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/421

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11 Siculo scarus æquore mersus ad mensum vivus perducitur. Sénèque, dans ses Questions naturelles, livre III, dit exactement la même chose : Parum videtur recens mulus, nisi qui in convivæ manu emoritur. — « Le surmulet ne paraît pas assez frais, s’il ne meurt dans la main des convives. »

12 Atque lucrinis Eruta littoribus condunt conchylia cœnas. Au lieu de condunt, Cuperus et Bouhier lisent tendunt ; ce qui offre un assez bon sens, qu’ils justifient ainsi : tendunt, disent-ils, indique que les huîtres servaient à faire durer le repas, parce qu’elles réveillaient l’appétit des convives, comme Pétrone le dit dans le vers suivant :

Ut renovent per damna famem.   .   .   .   .  


Le mot tendere a évidemment la signification que Bouhier lui attribue, comme on le voit dans ce vers d’Horace, livre I, épître 5 :

Æstivam sermone benigno tendere noctem.


Du reste, Juvénal a fait aussi mention de cet usage des Romains, de manger des huîtres au milieu du repas, satire VI, vers 302 :

Grandiaque in mediis jam noctibus ostrea mordet.

13 Pellitur a populo victus Cato. Caton fut exclu de la préture l’an de Rome 699, sous le consulat de Pompée et de Crassus, qui, redoutant l’incorruptibilité de ce vertueux citoyen, forcèrent le peuple, par leurs intrigues et leurs violences, de lui préférer Vatinius, leur créature et le plus pervers des Romains dans ce siècle de corruption. Mais, dans cette occasion, s’agit-il de la préture ? Le mot fasces, faisceaux, employé par Pétrone, semble désigner le consulat, quoique les autres magistrats supérieurs, tels que les préteurs, en fussent aussi décorés. Ce qu’il y a de certain, c’est que le consulat, au rapport de Plutarque, fut également refusé une fois à Caton. Mais doit-on s’en étonner, dit l’auteur anglais de la vie de Cicéron ? sa vertu farouche devait lui faire peu d’amis. Sa vie fut un combat continuel contre la corruption de son siècle, et il finit par en être la victime. Sa mort est le plus bel hommage qu’on ait jamais rendu à la liberté.

14 Quæ poterant artes sana ratione movere. Ce vers, que les commentateurs ont passé sous silence, me paraît néanmoins mériter quelque examen. Si l’on joint sana ratione au verbe movere, cela signifiera faire perdre la raison ; ce qui ne peut convenir ici. Si l’on joint ces mots à