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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/422

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artes, il semble que, dans le vers suivant, la guerre est mise au rang des moyens raisonnables de tirer les Romains de leur léthargie. C’est le vrai sens de ce passage, comme le prouve celui-ci de Cicéron (Lettres à Atticus, liv. VIII, lett. 2) : Respublica nunc afflicta est, nec excitari sine civili pernicioso bello potest. Telle est la pensée de Cicéron, qui ne paraît point déraisonnable, quand on considère la déplorable confusion qui régnait alors dans la république romaine. La construction de toute la phrase de Pétrone est celle-ci : Quœ artes, ni furor, et bellum, et libido excita ferro, poterant movere, sana ratione, Romam mersam hoc cœno et jacentem somno ?

CHAPITRE CXX. 1 Et, quasi non posset tot tellus ferre sepulcra, Divisit sineres. — L’hyperbole pourra paraître un peu forte : elle ne l’est pourtant pas plus que celle-ci de Juvénal, lorsqu’en parlant d’Alexandre (sat. x, v. 169) il dit :

Æstunt infelix angusto in limite mundi ;


ce que Boileau a rendu ainsi, satire VIII :

 
.   .   .   .   .   Qui de sang altéré,
Maître du monde entier, s’y trouvait trop serré.


Du reste, l’idée de Pétrone se trouve reproduite presque mot pour mot dans ces vers de Martial sur Pompée et ses fils, livre V, épigramme 74 :

Pompeios juvenes Asia atque Europa, sed ipsum
  Terra tegit Libyes ; si tamen ulla tegit.
Quid mirum toto si spargitur orbe ? jacere
  Uno non poterat tanta ruina loco.

2 Bustorum flammis et cana sparsa favilla. On ne conçoit pas trop, dit Bouhier, comment la flamme des bûchers pouvait paraître sur le visage de Pluton. Toute l’antiquité nous le représente avec un visage noir, mais non pas enflammé. Dans Claudien, il est nigra majestate verendus ; et c’est sans doute pour cela que Silius Italicus l’a appelé Jovem nigrum. Martianus Capella (liv. I) en fait cette peinture :Pluto lucifuga inumbratione pallescens, in capite gestabat sertum ebenum (ou plutôt ebeninum), ac Tartareœ noctis obscuritate furvescens. Cela, ajoute Bouhier, me persuade que le texte original de Pétrone portait : bustorum fumis.

3 Rerum humanorum, divinarumque potestas. Cette puissance sans bor-