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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/424

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6 Ædificant auro. — Bourdelot et Gonsalle de Salas pensent à tort qu’il s’agit ici du palais d’or de Néron : il ne peut être question dans ce poëme que du luxe qui précéda la guerre civile ; et cette allusion à Néron serait un anachronisme. Ce passage se rapporte donc uniquement aux dépenses excessives que les Romains, au temps de César et de Pompée, faisaient pour dorer les planchers et même les murs de leurs appartements. Pline rapporte ainsi l’origine de ce luxe (Histoire naturelle, liv. XXXII) : Laquearia, quæ nunc et in privatis domibus auro teguntur, post Carthaginem eversam primo inaurata sunt in Capitolio. Inde transiere in cameras ; in parietes quoque, etc. C’est ainsi qu’il faut entendre ce passage de Lucain (Pharsale, liv. 1) : Non auro tectisque modus.

7 Dum varius lapis invenit usum. — Je ne serais pas éloigné d’adopter la leçon de parius au lieu de varius dans ce vers. En effet, cette expression, varius lapis, ne peut s’appliquer qu’au marbre, et l’on sait que celui de Paros était le plus renommé, comme on le voit, par exemple, dans ce vers d’Ovide :

Hæret ut e pario formatum marmore signum.


Cependant varius offre aussi un très-bon sens, et varias lapis signifierait un marbre veiné, ou ces marbres de diverses couleurs dont les anciens formaient leurs admirables mosaïques.

CHAPITRE CXXI. 1 Quippe armare viros, etc. — Au lieu d’armare, Bouhier, Tornésius et plusieurs autres lisent cremare ; mais je préfère la première leçon, adoptée par Gronovius. Il va être question plus loin de bûchers, Thessaliæque rogos ; et cremare ferait ici une répétition inutile.

2 Et sanguine pascere luctum. Burmann lit luxum : je pense que luctum est la vraie leçon, car on n’a jamais dit que le luxe aimât le sang. Claudien, qui en fait une espèce de divinité, dit seulement dans le livre 1 de l’Invective contre Rufin :

Et luxus populator opum.   .   .   .   .  


On sait d’ailleurs que le luxe est plus propre à amollir les âmes qu’à les porter à la guerre. Il y a donc toute apparence que Pétrone avait écrit : Et sanguine pascere luctum. Les poëtes ont fait du Deuil une divinité, et Virgile (Enéide, liv. VI, v. 273) la place à l’entrée des Enfers :

Vestibulum ante ipsum primisque in faucibus Orci
Luctus.   .   .   .   .