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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/426

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5 Vix navita Porthmeus Sufficiet, etc.— Comme ces deux mots, navita et Porthmeus, signifient la même chose, on ne peut guère douter que l’un des deux n’ait été inséré ici mal à propos. Quelque commentateur aura probablement écrit à la marge d’un ancien manuscrit le mot navita pour expliquer le sens de porthmeus, et un copiste ignorant, comme l’étaient la plupart d’entre eux, aura inséré dans le texte ce mot navita, Saumaise pensait, avec quelque apparence de raison, que navita avait pris la place d’une épithète se rapportant au mot simulacra du vers suivant, et il avait proposé, sur son exemplaire, de lire tabida, ou lurida, ou squalida. Au reste, ce n’est pas ici seulement qu’on appelle en latin Caron du nom de Porthmeus ; on en voit un autre exemple dans cette inscription sépulcrale, rapportée par Spon, dans ses Recherches d’antiquités, où un mari dit :

SAT FVERAT, PORTHMEV, CYMBA VEXISSE MARITAM.

6 Classe opus est. — Ces mots renferment une image noble, vive, grande, et qui n’a rien que de naturel, quand on réfléchit au carnage affreux des batailles de Pharsale, de Philippes et d’Actium : ils expriment avec plus de concision et d’énergie cette pensée de Lucain (Pharsale, liv. III, v. 16) :

Praeparat innumeras puppes Acherontis adusti
Portitor.   .   .   .   .   .

CHAPITRE CXXII. 1 Continuo clades hominum, venturaque damna.— Pétrone a encore voulu ici lutter avec Lucain ; il a imité le commencement du second livre de la Pharsale. :

Jamque irae patuere dem, etc.

2 Olimque ornata triumphis. — Le manuscrit Colbert porte honorata, qui ne convient point à la mesure du vers. Burmann imprime onerata : cela pourrait passer, si César avait reçu véritablement les honneurs du triomphe. Mais Suétone, dans la Vie de ce grand homme, chapitres 18 et 37, et plusieurs autres historiens, nous apprennent que, bien que César eût mérité le triomphe, après sa première expédition d’Espagne, il ne l’obtint réellement qu’à la fin des guerres civiles. Il faut donc lire ornata, avec Bouhier.

3 Invitas me ferre manus ; sed vulnere cogor. — Sans entreprendre de justifier César des motifs qui lui firent porter les armes contre sa patrie, on ne peut se refuser à reconnaître qu’il avait de justes sujets de se plaindre