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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/427

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du sénat, de l’aveu même des républicains modérés. Outre ce qu’en ont dit les historiens désintéressés, on peut voir de quelle manière en parle Cicéron lui-même, quoique du parti opposé, dans une lettre qu’il écrivit à César au commencement de la guerre civile : Judicavi eo bello te violari ; contra cujus honorem, populi romani beneficia concessum, inimici atque invidi niterentur. Il est vrai que dans une autre lettre à son ami Atticus (liv. VII), Cicéron soutient que les mauvais traitements du sénat ne devaient jamais porter César à prendre les armes contre son pays. Mais, si l’on y prend garde, on verra que Cicéron n’avait pas meilleure opinion des desseins de Pompée, et que, dès lors, il prévoyait fort bien qu’il n’était plus question entre lui et son rival que du choix d’un maître ; car, répondant à Atticus, qui l’exhortait à se déclarer contre César, et à faire les derniers efforts pour se garantir de la servitude : « A quoi bon ? lui écrit-il ; pour être proscrits, si nous sommes vaincus, ou tomber dans un autre esclavage, si nous sommes vainqueurs ? » Ce sont ses propres termes : Ut quid ? si victus eris, proscribare ? si viceris, tamen servias ? Il ne s’en expliquait pas moins franchement, comme on sait, avec les autres chefs du parti républicain. Comment donc César n’aurait-il pas compris que, s’il cédait à son rival, et s’il se laissait une fois désarmer, il tombait lui-même dans la servitude, sans aucun fruit pour la république. Telle est l’extrémité où il se trouvait réduit, et dont ses amis ne se cachaient point. Voici ce que l’un d’eux, Célius, écrivait il Cicéron : Pompeius constituit non pati C. Cœsarem consulem aliter fieri, nisi exercitum et provincias tradiderit. Cœsari autem persuasum est se salvum esse non posse, si ab exercitu recesserit. Fert tamen illam conditionem ut ambo exercitus tradant. C’était, ce me semble, entendre la raison, que de consentir à être désarmé, pourvu que son rival le fût aussi. Quoi de plus juste et de plus convenable au salut de la république ? Cependant Pompée le refusa, et, par ce refus, poussa d’autant plus César aux dernières extrémités, que personne ne doutait à Rome que, si Pompée devenait le maître, sa domination ne fût aussi cruelle que celle de Sylla : Mirandum in modum Cnœus noster Sullani regni similitudinem concupivit, etc. , dit Cicéron lui-même (Lett. fam. ,liv. IX, lett. 7 et 10).

4 Ipse nitor Phœbi, vulgato latior orbe. — Bouhier prétend que Pétrone fait ici Phébus favorable à César, et que plus loin (v. 269) il le représente comme favorable à Pompée :

Magnum cum Phœbo soror, et Cyllenia proies
Excipit.   .   .   .   .   .


C’est, dit-il, une contradiction qu’on a justement reprochée à Pétrone.