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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/429

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faux cheveux, nommé galerus ou galericon, dont se servaient quelquefois les dames romaines pour se déguiser, comme l’a dit Juvénal, à propos de Messaline :

.   .   .   .   .   Flavo crinem abscondente galero,


ce qu’un ancien scoliaste explique ainsi :Crine supposito, rotundo muliebri capitis tegumento, in modum galeae facto, quo utebantur meretrices. Il me paraît assez vraisemblable que Pétrone a voulu parler de cette sorte de perruques. »

Le grave président Bouhier affuble, comme on le voit, la Paix d’une perruque, et d’une perruque de courtisane, encore ! Il ne croyait pas, à coup sûr, être si plaisant. Il aurait pu facilement s’épargner celle bévue, s’il eût réfléchi que, l’attribut ordinaire de la Paix étant l’olivier, il était plus probable que Pétrone avait écritolea vinctum caput. On pardonnera sans peine une pareille erreur à un homme d’ailleurs si distingué par son érudition ; mais ce qui est moins excusable, c’est l’étonnement que témoignent plusieurs interprètes de Pétrone, de voir que cet auteur fasse descendre aux enfers la Paix et ses compagnes, la Foi, la Justice et la Concorde ; tandis que, selon eux, la place de ces divinités était dans l’Olympe, et non pas chez Pluton. Ces savants ont oublié, sans doute, que la guerre était allumée dans le ciel comme sur la terre : l’auteur le dit positivement quelques vers plus loin :

.   .   .   .   Namque omnis regia cœli
In partes diducta ruit..   .   .   .  


Quelle retraite la Paix pouvait-elle choisir qui lui convînt mieux que les champs Élysées, lieux paisibles, habités par les âmes des hommes vertueux, et qui d’ailleurs faisaient aussi partie de l’empire de Pluton ?

3 Tu legem, Marcelle, tene. — Marcus Claudius Marcellus, ex-consul, du parti de Pompée. Après la défaite et la mort de ce grand homme, Marcellus avait tout à craindre de la part du vainqueur, qu’il avait accusé en plein sénat de plusieurs crimes contre l’État ; mais le sénat tout entier, par l’organe de Cicéron, demanda sa grâce à César, qui l’accorda. Le sage Marcellus apprit son rappel avec indifférence ; et il s’obstinait à ne pas quitter sa retraite : Cicéron eut besoin de toute son adresse et de toute l’autorité qu’il avait sur son esprit pour l’y déterminer. Il partit enfin ; mais s’étant arrêté, dans sa route, au port du Pirée, pour y passer un seul jour avec Serv. Sulpicius, son ancien ami, qui avait été son collègue au consulat, il y fut assassiné par un nommé Magius, l’homme du