Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enfin liez le tout par une plus grande quantité de miel, et cette composition rendra le teint plus net que la glace d’un miroir, »

Pline parle d’une vigne sauvage, qui a les feuilles épaisses et tirant sur le blanc, dont le sarment est noueux et l’écorce ordinairement brisée : « Elle produit, dit-il, des grains rouges avec lesquels on teint en écarlate ; et ces grains, pilés avec des feuilles de la vigne, nettoient parfaitement la peau. » L’encens entrait dans la plupart des cosmétiques alors en usage : tantôt il servait à enlever les taches de la peau, et tantôt les tumeurs. « Bien que l’encens, dit Ovide, soit agréable aux dieux, il ne faut pas néanmoins le jeter tout dans les brasiers sacrés ; il est d’autres autels qui réclament sa vapeur parfumée. »

Le même poëte a connu, dit-il, des femmes qui pilaient du pavot dans de l’eau froide et s’en mettaient sur les joues. D’autres se faisaient enfler le visage avec du pain trempé dans du lait d’ânesse. Poppée se servait d’une espèce de fard onctueux, où il entrait du seigle bouilli ; on se l’appliquait sur le visage, où il formait une croûte qui subsistait quelque temps, et ne tombait qu’après avoir été lavée avec du lait. Poppée, qui avait mis cette pâte à la mode, lui laissa son nom. Les femmes allaient et venaient, ainsi masquées, dans l’intérieur de leur maison. C’était là, pour ainsi dire, leur visage domestique et le seul connu des maris. « Leurs lèvres, dit Juvénal, s’y prenaient à la glu. Les fleurs nouvelles qu’offrait le visage, après la toilette, étaient réservées pour les amants. »

Il y eut une recette plus simple que celle d’Ovide, et qui eut la plus grande vogue : c’était un fard composé de la terre de Chio ou de Samos, que l’on faisait dissoudre dans du vinaigre. Pline nous apprend que les dames s’en servaient pour se blanchir la peau, de même que de la terre de Selinuse, blanche, dit-il, comme du lait, et qui se dissout promptement dans l’eau. Les Grecs et les Romains avaient un fard métallique qu’ils employaient pour le blanc, et qui n’est autre chose que la céruse. Leur fard rouge se tirait de la racine rizion, qu’ils faisaient venir de la Syrie. Ils se servirent aussi, mais plus tard, pour leur blanc, d’un fard composé d’une espèce de craie argentine ; et, pour le rouge, du purpurissimum, préparation qu’ils faisaient de l’écume de la pourpre, lorsqu’elle était encore toute chaude. Les qualités nuisibles de ces ingrédients ont été senties par les anciens autant que par les modernes. « Des grâces simples et naturelles, a dit Afranius, le rouge de la pudeur, l’enjouement et la complaisance, voilà le fard le plus séduisant de la jeunesse. Quant à la vieillesse, il n’est pour elle d’autre fard que l’esprit et les connaissances. »