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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/434

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3 Et oculorum quoque mollis petulantia ? — Quelques commentateurs lisent mobilis, au lieu de mollis ; ce qui signifierait alors des yeux sans cesse clignotants, ou, comme le disent les poëtes comiques,des œillades assassines. C’est ce que Pétrone nous semble avoir parfaitement rendu dans l’épigramme suivante qu’on lui attribue :

O blandos oculos et inquietos,
Et quadam propria nota loquaces !
Illic et Venus et leves Amores,
Atque ipsa in medio sedet Voluptas ;


et non pas solet voluptas, comme l’imprime Burmann, ce qui n’offrirait aucun sens, non plus que l’épithète d’inficetos au lieu d’inquietos, telle qu’on la trouve dans les Catalectes, à la suite de l’édition Bipontine : c’est, sans doute, une faute d’impression ; car que signifierait inficetos ? ce serait un contre-sens. On peut traduire ainsi cette épigramme :

« O les beaux yeux ! comme ils sont pétulants, comme ils ont une éloquence qui leur est propre ! Dans leur prunelle, Vénus, les Amours légers et la Volupté elle-même ont placé leur trône. »

4 Quo incessus tute compositus, etc. — C’est ce qu’on appelle une démarche cadencée. Sénèque, dans ses Questions naturelles, dit à ce sujet : Tenero et molli incessu suspendimus gradum ; Catulle :

 
Quam videtis
Turpe incedere, mimice ac moleste ;


et Ovide, Art d’aimer, livre III :

Est et in incessu pars non temnenda decoris.

5 Nunquam tamen, nisi in equestribus sedeo. — Ceci est une suite de la satire contre les femmes de qualité qui se prostituaient à des hommes indignes de leurs faveurs, à des valets, à des muletiers, à des histrions. Mais il faut remarquer cependant que Pétrone, qui connaissait à fond le caractère des femmes, fait dans la suite changer de sentiment à cette soubrette, car elle devient amoureuse folle de celui dont elle rejette ici l’hommage avec tant de dédain.

6 Frons minima. — La petitesse du front était regardée comme une marque de beauté chez les anciens. Horace, en parlant de sa chère Lycoris, dit : Insignis tenui fronte. Arnobe nous apprend que les femmes étaient si curieuses de cet avantage, qu’elles se mettaient des bandeaux