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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/437

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cette époque, on en ornait les murs des appartements et les alcôves des lits ; on en incrustait les plats et les bassins dans lesquels on servait les viandes sur la table ; on en revêtait les tasses et les gobelets, qui multipliaient ainsi l’image des convives.

4 Non tam intactus Alcibiades in prœceptoris sui lectulo jacuit. Cet hommage éclatant, rendu à la vertu de Socrate par un auteur aussi licencieux que Pétrone, qui ne ménageait pas même, dans ses satires, l’empereur, dont sa vie et sa fortune dépendaient, me paraît digne d’attention. Ces mots socratica fides prouvent d’ailleurs que la continence de Socrate était passée en proverbe chez les Romains. C’est donc à tort que quelques auteurs ont imputé à ce philosophe un vice si commun de son temps, mais auquel il resta toujours étranger. Maxime de Tyr l’a vengé de ces injurieux reproches dans plusieurs de ses dissertations ; et Plutarque, au discours premier sur les Vertus d’Alexandre, confirme cette vérité. « Socrate, dit-il, couchait près d’Alcibiade sans violer la chasteté. » Comment donc l’opinion contraire a-t-elle prévalu ? c’est qu’en général les hommes admettent la calomnie sans examen ; il n’y a que l’éloge qui soit pour eux un objet de discussion.

CHAPITRE CXXIX. 1 Licet ad tubicines mittas. — Mot à mot : « Envoyez chercher les joueurs de flûtes. » C’est comme si nous disions : Envoyez chercher les croque-morts. Nous avons déjà vu, au chapitre 78, Trimalchion faire venir les joueurs de cor pour imiter la cérémonie de son enterrement, parce que, chez les anciens, on portait les morts en terre au son des instruments ; mais il faut remarquer qu’il n’y avait que les jeunes gens qui fussent enterrés au son de la flûte : les personnes âgées l’étaient au son du cor ou de la trompette.

CHAPITRE CXXX. 1 Mox cibis validioribus pastus, id est, bulbis, cochlearumque sine jure cervicibus.— Singulier remède, dira-t-on, pour se préparer à une lutte amoureuse, qu’un menu composé d’échalotes et d’huîtres crues ! Telle était cependant la vertu que les anciens attribuaient à cette espèce d’aliment, comme le prouve ce passage du poëte Alexis, rapporté par Athénée, livre II, chapitre 23 :

Bolbous, koxlias, kèrucas, ôa, akrokôlia ;
Tosauta toutôn an tis ibroi farmaka,


dont voici la traduction littérale :

Bulbos, cochleas, cerycas, ova, extremos pecudum artus ;
Tam multa ex his invenias remedia.