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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/439

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CHAPITRE CXXXI. 1 Mox turbatum sputo pulverem medio sustulit digito. —Ce n’est pas sans raison que la vieille Prosélénos prend avec le doigt du milieu ce mélange de poussière et de salive. Le doigt médius était réputé infâme chez les anciens ; et Perse, en parlant d’un semblable enchantement, dit (sat. II, V. 33) :

Infami digito et lustralibus ante salivis
Expiat, urentes oculos inhibere perita.

2 Ter me jussit exspuere.Tibulle a dit de même (élégie 11 du liv. I) :

 
Ter cane, ter dictis despue carminibus.

3 Vides, quod aliis leporem excitavi ! Ovide offre un exemple de cette locution proverbiale, vers 661 du livre III de l’Art d’aimer :

 
Credula si fueris, aliae tua gaudia carpent ;
  Et lepus hic aliis exagitandus erit.

4 Nobilis œstivas platanus diffuderat umbras. Virgile ne désavouerait pas cette courte, mais charmante description d’un jardin. Ce que Pétrone dit ici du platane, arbre touffu sous lequel les anciens se plaisaient à goûter le frais, rappelle ces vers d’Horace (liv. II, ode 11) :

Cur non sub alta vel platano, vel hac
Pinu jacentes sic temere, et rosa
  Canos odorati capillos,
  Dum licet, Assyriaque nardo,
Potamus uncti ?

CHAPITRE CXXXII. 1 Et me jubet catomidiare. — Ou plutôt catomidiari, c’est-à-dire catomis cœdi, « être fustigé. » Pétrone est le seul des auteurs de la bonne latinité qui se soit servi de ce mot, qu’on retrouve fréquemment dans les écrivains du moyen âge. Ainsi on lit dans la Vie de saint Vitus : Tunc iratus Valerianus jussit infantem catomis cœdi ; dans la Passion de saint Afrique : Catomis te cœdi jubeam ; et dans Spartianus Hadrianus : Decoctores bonorum suorum catomidiari in amphitheatro jussit.

2 Conditusque lectulo, totum ignem furoris in eam converti. Bussy-Rabutin (Histoire amoureuse des Gaules) a imité ce passage presque littéralement ; mais qu’il est loin de reproduire les grâces de l’original ! Dans Rabutin, le comte de Guiche, chassé honteusement par la comtesse d’Olonne, dont il avait mal rempli l’attente amoureuse, s’exprime ainsi :