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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/440

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« Je sortis brusquement de chez elle, et me retirai chez moi, où, m’étant mis au lit, je tournai toute ma colère contre la cause de mon malheur.

D’un juste dépit tout plein
Je pris un rasoir en main :
Mais mon envie était vaine,
Puisque l’auteur de ma peine,
Que la peur avait glacé,
Tout malotru, tout plissé,
Comme allant chercher son antre,
S’était sauvé dans mon ventre.


« Ne pouvant donc lui rien faire, voici à peu près comme la rage me lui fit parler : — Hé bien, traître ! qu’as-tu à dire ? Infâme partie de moi-même et véritablement honteuse (car on serait bien ridicule de te donner un autre nom) : dis-moi, t’ai-je jamais obligé à me traiter de la sorte ? à me faire recevoir le plus sanglant affront du monde ? Me faire abuser des faveurs que l’on me donne, et me donner, à vingt-deux ans, les infirmités de la vieillesse !... — Mais en vain la colère me faisait parler ainsi :

L’œil attaché sur le plancher,
Rien ne le saurait toucher.
Aussi, lui faire des reproches,
C’est justement en faire aux roches... »

Il suffit de jeter les yeux sur l’original pour se convaincre qu’ici Pétrone parle en courtisan, et Rabutin en laquais.

3 Rogo te, mihi apodixin defunctoriam redde. — Apodixis, mot tiré du grec apodeixis, démonstration, preuve, publication : on appelait ainsi un certificat que le créancier donnait à son débiteur, quand celui-ci l’avait payé. Apodixis defunctoria, était un congé en forme, pour cause d’âge ou d’affaiblissement, et, par extension, un extrait mortuaire. En effet, Suétone, dans la Vie de Néron, nous enseigne qu’il y avait à Rome des registres, appelés rationes libitinœ, où l’on inscrivait le nom de ceux qui mouraient, et que l’extrait qu’on en tirait se nommait apodixis defunctoria.

CHAPITRE CXXXIV. 1 Quod purgamentum nocte calcasti in trivio, aut cadaver ? Les anciens jetaient trans caput, par-dessus leur tête, en certains endroits réservés, dans les carrefours, dans les courants d’eau, et dans la mer même, purgamenta, les choses qui avaient servi à expier un crime ; parce qu’ils appréhendaient qu’on ne marchât dessus, et qu’ils croyaient que ceux à qui ce malheur arrivait, par hasard ou au-