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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/446

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pendant, malgré ces imposantes autorités, je pense, avec le docte Joseph Scaliger, qu’il faut lire Perusii, et que c’est ainsi que Pétrone avait écrit. Pérouse, comme on sait, est une ville de Toscane, bâtie par les Achéens sur les bords du lac Trasimène. L. Antoine y fut assiégé par Auguste, qui ne parvint à s’emparer de la ville qu’après en avoir réduit les habitants à une si horrible famine, qu’ils furent obligés de se nourrir de chair humaine, comme le rapportent Tite-Live, livre CXXVI ; Suétone, dans la Vie d’Auguste, chapitre 15 ; Frontin, livre IV, chapitre 5. Ausone confirme encore l’opinion de Scaliger par ce passage de sa vingt-deuxième épître, où il joint, comme Pétrone, les Sagontins aux Pérousins :

Jamjam perusina et saguntina fame
Etc.


C’est à ce trait si connu que Lucain fait allusion par ces mots perusina fames.

Juvénal (sat. XV, v. 93) rapporte un trait semblable des Vascons ou Gascons de la ville de Calaguris, aujourd’hui Calahorra, dans l’Espagne Tarragonaise : assiégés par Pompée et Métellus, et réduits aux dernières extrémités, ils furent forcés, dit Valère-Maxime, livre VII, chapitre 6, de faire un horrible festin de la chair de leurs femmes et de leurs enfants. Voici les vers de Juvénal :

Vascones, haec fama est, alimentis talibus olim
Produxere animas : sed res diversa, sed illic
Fortunœ invidia est bellorumque ultima, casus
Extremi, longœ dira obsidionis egestas.
Hujus enim, quod nunc agitur, miserabile debet
Exemplum esse cibi : sicut modo dicta mihi gens
Post omnes herbas, post cuncta animalia, quidquid
Cogebat vacui ventris furor, hostibus ipsis
Pallorem ac maciem, et tenues miserantibus artus,
Membra aliena fame laecrabant, esse parata
Et sua. Quisnam hominum veniam dare, quisve deorum
Viribus abnuerit dira atque immania passis,
Et quibus illorum poterant ignoscere manes
Quorum corporibus vescebantur ? etc.

2 Massilienses quoties pestilentia laborabant, etc. Ce passage de Pétrone est cité par Servius, dans son commentaire sur ce passage du IIe livre de l’Enéide auri sacra fames. Lactance Placide, dans son commentaire sur le livre x de la Thébaïde de Stace, dit que cette coutume était commune à tous les Gaulois, et fait une ample description des cérémo-