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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/45

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deux Valois et les Petit, en France, inonder, coup sur coup, le public de dissertations. Selon les uns, le fragment n’était qu’un enfant supposé : on ne pouvait, selon les autres, lui contester son adoption. Mantel, Lucius et Gradi s’en déclarèrent les premiers champions. L’auteur de la découverte, caché sous le nom de Statilius, en défendit éloquemment l’authenticité dans une apologie latine ; il fit plus, il envoya le manuscrit du Fragment à Grimani, ambassadeur de Venise à Rome, et le pria de le soumettre à l’examen des connaisseurs. Le 28 août 1668, une assemblée nombreuse de savants se réunit, à ce sujet, dans le palais de l’ambassadeur. L’avis unanime fut que le manuscrit comptait au moins deux cents ans d’ancienneté ; la date de sa transcription devait être à peu près celle du temps où fleurit Pétrarque, et la nature des caractères et du vélin parut être une preuve incontestable de son authenticité. Le manuscrit, revenu en France, y excita de nouvelles contestations. De nouvelles conférences, tenues chez le grand Condé, produisirent le même résultat. L’ouvrage fut alors déposé dans la bibliothèque du roi ; et, malgré les doutes affectés de certains critiques obstinés qui se rendent difficilement à l’évidence, il passa, dès cette époque, pour être de Pétrone. On l’a constamment imprimé depuis, comme tel, dans toutes les éditions du Satyricon. Cependant, plus de vingt ans après cette décision solennelle, la conviction, s’il faut en croire un critique célèbre [1], n’était

  1. Basnage, Histoire des ouvrages des savants. — Cette assertion de Basnage n’a rien qui m’étonne. Le doute des savants dont il parle était-il au fond si déraisonnable ? N’avait-on pas déjà vu les plus fins critiques pris pour dupes dans plus d’une occasion de cette nature ? Sans parler du tour de Michel-Ange, qui ne sait que Muret fit prendre