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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/47

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que ces fragments n’étaient que de maladroites interpolations, ouvrage d’un moderne sans goût, et facilement reconnaissables à de fréquents gallicismes. Pourquoi d’ailleurs, si le Satyricon de Belgrade était entier, n’y retrouvait-on pas, par exemple, le non bene semper olet qui bene semper olet, cité par saint Jérôme comme appartenant à Pétrone ? Burmann ne fut pas plus sensible au présent que Nodot croyait avoir fait à l’Europe. Il gourmanda même assez rudement, sans respect pour les académies, ceux de leurs membres qui s’étaient laissé, disait-il, trop grossièrement surprendre à de trompeuses apparences. Nodot répondit en savant courroucé : on remarqua dans sa Contre-critique plus de présomption que de politesse, plus de pédantisme que de savoir, plus d’injures que de raisons. C’est ainsi que madame Dacier, mais dans une cause meilleure sans doute, avait défendu contre Lamotte l’honneur d’Homère, attaqué par les modernes. Il faut avouer pourtant que la dernière objection de Breugière de Barante n’était pas trop solide. Le pentamètre cité par saint Jérôme ne pouvait-il pas avoir fait partie, non du Satyricon, mais de l’Eustion ou de l’Albutia, deux des ouvrages de Pétrone mentionnés par Planciade Fulgence, mais qui ne sont pas venus jusqu’à nous ? C’est aussi la solution qu’en donna Nodot. Quant aux gallicismes, n’en avait-on pas aussi reproché au fragment de Dalmatie, et n’avait-il pas néanmoins été reconnu pour antique ? Au reste, c’est toujours un mérite aux yeux de plus d’un lecteur que d’avoir rempli des lacunes. C’est du moins le sentiment de Basnage : « Grâce à Nodot, dit-il, la lecture de Pétrone est devenue plus commode : on ne s’y trouve plus de temps à autre, comme auparavant, dans un pays perdu. La liai-