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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/48

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son et la suite qui règnent désormais dans le Satyricon, si elles ne sont pas l’ouvrage de son auteur, rendent du moins intelligible ce qui ne l’était pas. » Peu de personnes seront ici de l’avis de Basnage.

Malgré les recherches des savants, Pétrone est encore incomplet [1] . Parmi ceux dont l’érudition a consacré quelques veilles à fixer le véritable sens de notre auteur dans les endroits difficiles ou corrompus, on distingue Tornésius, Sambucus, Richard, Muret, Scioppius, Brassican, Junius, Vouwer, Pontanus, Pulman, Barthius, Arnaud, Lundorpius, Binet, Passerat, Lotichius, Goldast, Gonsalle, Hermann, les deux Daniel, les deux Douza, les deux Pithou, Bourdelot, Burmann et Bouhier. Postérieurement à la plupart de ces commentateurs, l’abbé Sévin a rétabli un passage de Pétrone visiblement

  1. On connaît l’équivoque de nom qui fit faire inutilement un long voyage à Henry Meibomius, professeur dans l’université de Helmstadt. Le bruit venait de se répandre (c’était en 1691) qu’on avait trouvé un manuscrit complet de la satyre de Pétrone ; il n’en était rien. Meibomius, ayant lu dans un itinéraire d’Italie : Petronius Bononiœ intiger asservatur, egoque ipsum meis oculis non sine admiratione vidi, il part aussitôt de Lubeck pour aller voir cette merveille. À peine arrivé à Bologne, il court chez le médecin Copponi qu’il connaissait de réputation ; et là, ouvrant son livre dont il avait exprès marqué la page, il lui demande si le fait est véritable. « Très-véritable, répond le médecin ; et je puis faire en sorte, par mon crédit, que votre curiosité soit satisfaite. » Meibomius le suit avec une joie qui ne se peut exprimer ; mais quelle fut sa surprise, lorsque son guide, l’ayant conduit à la porte de l’église, le pria d’entrer, lui disant que c’était là qu’il trouverait ce qu’il cherchait. « Comment ! s’écria Meibomius, dans une église, un livre aussi infâme ? — Que voulez-vous dire, interrompit Copponi, avec votre livre infâme ! C’est ici l’église de Saint-Pétrone, évêque et patron de Bologne ; on y garde son corps tout entier, et vous allez vous-même le voir tout à l’heure. » Meibomius reconnut le quiproquo ; et Copponi de rire.