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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/52

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tout, jusqu’aux lettres des deux amants, est une traduction littérale des Amours de Polyœnos et de Circé. Rabutin n’avait point indiqué la source où sa plume trop maligne avait puisé : les parties offensées ne prirent point la raillerie, comme Joconde, en véritables gens de cour. L’indiscret plagiaire pouvait acheter sa grâce, en décelant dans Pétrone le principal et le premier coupable ; mais l’amour-propre du bel-esprit l’emporta ; il ne dit rien, et son silence lui valut la Bastille et l’exil. Nul peut-être n’était plus capable de faire parler Pétrone en français que Bussy-Rabutin. On assure qu’il l’avait entrepris de concert avec le maréchal de Vivonne et le célèbre abbé de la Trappe ; mais les scrupules tardifs du dernier firent échouer ce projet.

Il n’est personne qui ne connaisse la traduction en vers du poëme de la Guerre civile, donnée en 1737 par le président Bouhier. Le public applaudit alors à son élégance ; on y voudrait aujourd’hui plus de chaleur ; mais la critique la plus sévère ne contestera jamais aux notes qui l’accompagnent le mérite du goût le plus pur et de l’érudition sans faste.

Parmi les mille et une traductions dont l’infatigable abbé de Marolles fit gémir les presses de son siècle, on compte une version en prose du festin de Trimalchion, publiée en 1677, et non moins plate qu’infidèle. Goujet attribue encore à l’abbé de Marolles le Pétrone en vers français, imprimé chez Barbin en 1667, d’après l’édition latine de Gabbéma. Marolles, dont la modestie n’était pas la vertu favorite, et qui se vantait avec complaisance d’avoir enfanté cent trente trois mille cent vingt-quatre vers, se déguisa pourtant, dans ce recueil, sous les lettres M. L. D. B. ; mais il aurait dû condamner ses vers