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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/63

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bons livres, plier peu à peu son âme au joug de la sagesse, corriger impitoyablement son style, et écouter avec une attention soutenue les modèles qu’elle veut imiter ; enfin, on la verrait refuser son admiration à tout ce qui séduit ordinairement l’enfance. C’est alors que l’éloquence reprendrait et sa noblesse et son imposante majesté. Mais aujourd’hui ces mêmes hommes qui, dans leur enfance, traitent l’étude comme un jeu, dans leur adolescence sont la fable du barreau, et, pour comble de folie, parvenus à la vieillesse, ne veulent point convenir du vice de leur première éducation. Ce n’est pas que j’improuve tout à fait cet art facile d’improviser, dont Lucilius est le père[1] ; je vais moi-même vous en donner un exemple de ma façon :


CHAPITRE V.

Le génie est enfant de la frugalité.
Toi dont l’orgueil aspire à l’immortalité,
De la table des grands fuis le luxe perfide.
Les vapeurs de Bacchus offusquent la raison,
_______Et la vertu rigide
Devant le vice heureux, craint de courber son front.

On ne doit point te voir assis sur un théâtre,
____Couronné de honteuses fleurs,
Aux applaudissements d’une foule idolâtre
____Mêler d’indécentes clameurs.