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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/65

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les pensées, l’autre en tournait le style en ridicule, un troisième n’y trouvait ni plan, ni méthode. Moi, profitant de l’occasion, je m’esquive parmi la foule ; et me voilà à la poursuite de mon fugitif. Grand était mon embarras ; les chemins m’étaient peu connus, et j’ignorais où était située notre auberge. Après bien des détours, je revenais toujours au point d’où j’étais parti. Enfin, exténué de fatigue, inondé de sueur, j’aborde une petite vieille qui vendait de grossiers légumes.


CHAPITRE VII.

— Bonne mère, lui dis-je, ne sauriez-vous point où je demeure ? — Cette naïveté la fit sourire. — Pourquoi non ? répond-elle gaiement. — Aussitôt elle se lève et marche devant moi. Je la suis, tenté de la croire inspirée. Arrivés ensemble vers une ruelle obscure, la vieille leva le rideau d’une porte ; puis : — Voilà sans doute votre logis. — Je m’en défendis, comme on pense. Pendant notre altercation, j’aperçois entre deux rangs d’écriteaux, et, au milieu de femmes nues, des promeneurs mystérieux. Trop tard alors je reconnus le piège : j’étais dans une maison de prostitution. Furieux contre la maudite vieille, je me couvre la tête d’un pan de ma robe ; et me voilà courant de toute ma force à travers cette infâme demeure, jusqu’à l’issue opposée. Je touchais au seuil de la porte, quand tout à coup je donne du nez contre Ascylte. Le malheureux était non moins fatigué, non moins mourant que moi. On eût dit que la vieille sorcière avait pris à tâche de nous rassembler là tous les deux.