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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/67

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des combattants, on les eût crus ivres de satyrion[1]. À notre aspect, ils redoublèrent de postures lascives, pour nous engager à les imiter. Tout à coup l’un d’eux retrousse sa robe jusqu’à la ceinture, et, se précipitant sur Ascylte, le renverse sur un lit voisin, et veut lui faire violence. Je vole au secours du pauvre patient, et nos efforts réunis triomphent sans peine de ce brutal assaillant. Ascylte gagne aussitôt la porte et s’enfuit, me laissant seul en butte aux attaques de leur débauche effrénée ; mais, supérieur en force et en courage, je sortis sain et sauf de ce nouvel assaut.


CHAPITRE IX.

Je parcourus presque toute la ville avant de retrouver mon gîte. Enfin, comme à travers un épais brouillard, j’aperçus au coin d’une rue Giton debout sur la porte d’une auberge : c’était la nôtre. J’entre, il me suit. — Mon ami, lui dis-je, qu’avons-nous pour dîner ? — Pour toute réponse, Giton s’assied sur le lit ; et ses larmes, qu’il essuie vainement, coulent en abondance. Ému de sa douleur, j’en veux connaître le sujet : il s’obstine au silence ; j’insiste ; aux prières je mêle les menaces ; il se rend enfin ; et montrant Ascylte : — Cet ami si fidèle[1], dit-il, ce compagnon de vos plaisirs, Ascylte a devancé ici votre venue. Me trouvant seul, il a voulu faire outrage par la force à ma pudeur. J’ai crié à la violence ; mais lui, tirant son épée : « Si tu fais la Lucrèce, m’a-t-il dit, tu