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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/68

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as trouvé ton Tarquin. » — À ces mots, peu s’en fallut que je n’arrachasse les yeux au perfide. — Que répondras-tu, m’écriai-je, infâme débauché, plus vil que les plus viles courtisanes ! toi dont la bouche même ne craint point de se souiller de la façon la plus honteuse ! — Ascylte affecte alors une indignation qu’il ne sentait guère ; et, agitant ses bras d’une manière menaçante, il le prend sur un ton beaucoup plus haut que le mien : — Oses-tu parler, vil gladiateur ! s’écrie-t-il à son tour ; toi, lâche assassin de ton hôte ! qui n’es échappé que par miracles aux charniers de l’amphithéâtre ! Oses-tu parler, toi, voleur de nuit, qui, même lorsque tu n’étais pas encore réduit à l’impuissance, n’as jamais été aux prises avec une femme honnête ! toi qui, dans certain bosquet, m’as fait servir un jour de Ganymède à ta lubricité, comme cet enfant t’en sert aujourd’hui dans ce cabaret. — Mais, repris-je, pourquoi t’esquiver pendant mon entretien avec Agamemnon ?


CHAPITRE X.

— Imbécile ! que voulais-tu que je fisse là ? Je mourais de faim ; pouvais-je m’arrêter à écouter les sornettes d’un pédant, les rêves d’un visionnaire ? Le scrupule te sied bien, quand, pour escroquer un souper, tu t’es fait le prôneur d’un méchant poëte. — Peu à peu cette ridicule dispute se tourna en plaisanterie. Nous commençâmes à parler plus doucement d’autres choses. Au fond pourtant la perfidie d’Ascylte ne me laissait pas sans rancune. — Tiens, lui dis-je, toute réflexion