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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/69

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faite, nos humeurs ne sympathisent point. Partant, faisons deux lots de notre petit bagage, et que chacun de nous aille tenter fortune de son côté. Nous pouvons nous flatter l’un et l’autre de quelque mérite littéraire ; mais, pour ne pas aller sur tes brisées, je chercherai quelque autre profession ; autrement, ce serait entre nous chaque jour de nouveaux débats, et nous serions bientôt la fable de toute la ville. — Soit, répond Ascylte. Mais nous sommes invités ce soir à un grand souper en notre qualité de savants ; ne perdons pas une soirée si agréable, et demain, puisque vous le voulez, je saurai me pourvoir d’un gîte et d’un mignon. — Pourquoi remettre à demain, répliquai-je, cet arrangement qui nous convient à tous deux ? — C’est l’amour qui me faisait désirer si ardemment cette séparation. Depuis longtemps j’aspirais à me débarrasser d’un témoin importun pour me livrer sans contrainte à ma passion pour Giton. — Ascylte, piqué au vif, sortit brusquement sans dire mot. Son départ précipité était d’un sinistre augure. Connaissant l’emportement de ce jeune homme, et la fougue de ses passions, je le suivis pour observer ses démarches et déjouer ses projets ; mais il se déroba bientôt à ma vue, et toutes mes recherches furent inutiles.


CHAPITRE XI.


Après avoir fureté dans tous les quartiers de la ville, je rentrai au logis, et je me consolai dans les bras de Giton. Je l’en-