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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/71

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très-agréablement. Parmi les femmes réunies en ce lieu, Tryphène était la plus jolie. Elle était venue avec un patron de vaisseau nommé Lycas, possesseur de quelques domaines sur le bord de la mer. Si la table de Lycurgue n’était pas splendide, sa maison de campagne, en récompense, nous offrit à profusion tous les autres plaisirs. Vous saurez d’abord que l’amour prit soin de nous assortir par couples. Tryphène était belle : elle me plut, et ne se montra pas rebelle à mes vœux. Mais, à peine goûtions-nous ensemble les premiers plaisirs, quand Lycas, s’écriant que je lui volais sa maîtresse, s’avisa d’exiger que je la remplaçasse auprès de lui. Leur intrigue commençait à vieillir, et il me proposa gaiement de l’indemniser par cet échange. Bientôt son caprice pour moi devint une véritable persécution ; mais mon cœur brûlait pour Tryphène, et je fermais l’oreille aux propositions de Lycas. Le refus irritant ses désirs, il me suivait partout. Une nuit, il pénètre dans ma chambre ; se voyant rebuté, il passe des prières à la violence : mes cris furent si aigus, qu’ils réveillèrent les valets ; et, grâce au secours de Lycurgue, j’échappai sain et sauf aux attaques de ce brutal. Voyant que la maison de Lycurgue opposait trop d’obstacles à ses desseins, Lycas voulut m’attirer chez lui. Sur mon refus, il m’en fit de nouveau prier par Tryphène. Cette complaisance coûta d’autant moins à la belle, qu’elle se flattait de trouver chez Lycas plus de liberté. Je suivis enfin l’impulsion de l’amour, et voici ce que nous dé-