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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/72

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cidâmes : Lycurgue gardait Ascylte (son ancien goût pour lui s’était réveillé) ; Giton et moi nous devions suivre Lycas. Il fut en outre convenu, entre Ascylte et moi, que le butin que chacun de nous pourrait faire dans l’occasion appartiendrait de droit à la masse commune. Ravi de cet arrangement, l’impatient Lycas hâta notre départ. Nous prîmes donc sur le champ congé de nos amis, et nous arrivâmes le même jour chez Lycas. Il avait si bien pris ses mesures qu’il était placé à côté de moi dans la route, et Tryphène, près de Giton. Il connaissait l’inconstance de cette femme ; c’était un piége qu’il lui tendait ; elle y fut prise. Près de cet aimable enfant, le cœur de Tryphène fut bientôt en feu. Je ne tardai point à m’en apercevoir ; et Lycas, comme on peut le croire, ne cherchait point à m’en dissuader. Cette circonstance introduisit dans notre commerce moins de froideur de ma part, ce qui le combla de joie. Il espérait que le dépit me ferait oublier l’infidèle, et qu’il gagnerait sur mon cœur ce qu’elle y perdait de son empire. Telle était notre situation réciproque chez Lycas. Si Tryphène se consumait d’amour pour Giton, Giton le lui rendait de son mieux, et leur flamme mutuelle était un double tourment pour moi. Cependant Lycas, pour me plaire, inventait chaque jour de nouveaux plaisirs. Sa jeune épouse, l’aimable Doris, les embellissait en les partageant ; et ses grâces chassèrent enfin Tryphène de mon cœur. Mes yeux languissants firent bientôt à Doris l’aveu de mon amour ; et ses re-