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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/78

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conduit vers un riche garde-meuble dont il nous ouvre les portes, et nous dévalisons à l’envi les effets les plus précieux. Le jour qui commençait à poindre nous avertit de décamper ; nous prîmes un chemin détourné ; et quand nous fîmes halte, nous étions hors de toute atteinte. Reprenant enfin haleine, Ascylte nous fit part de la joie qu’il avait éprouvée à piller la maison de Lycurgue, le plus avare des mortels. Il n’avait pas tort de maudire ce ladre. Mauvais vin et maigre chère, jamais le moindre cadeau, voilà comme les complaisances d’Ascylte avaient été payées : telle était la lésine du personnage, qu’au milieu de ses richesses immenses, il se refusait même le nécessaire :

Vers une eau désirée, ou sur un fruit voisin,
Toujours Tantale avance ou la bouche ou la main :
Toujours le fruit, rebelle à la main qui le touche,
Recule, et l’eau perfide a fui loin de sa bouche.
____Tel est l’avare entouré d’or.
____C’est des yeux seuls qu’il boit, qu’il mange….
Pauvre insensé ! pour prix de ce repas étrange,
____Meurs de faim sur ton coffre-fort !


Ascylte voulait rentrer le même jour à Naples. Je lui fis sentir son imprudence : la justice probablement y serait bientôt sur nos traces ; mais quelques jours d’absence dépayseraient nos espions, et nos fonds nous permettaient de courir la campagne. Il revint à mon avis. Dans le voisinage, s’élevait un ha-