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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/79

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meau peuplé de jolies maisons de plaisance, où plusieurs de nos amis étaient venus passer la belle saison ; mais, à moitié chemin, surpris tout à coup par une grosse pluie, nous courûmes nous réfugier dans une auberge de village qui se trouvait sur la route, et dans laquelle un grand nombre de passants étaient venus chercher un abri contre l’orage. Confondus dans la foule, personne ne prenait garde à nous. Tandis que nous guettions l’occasion de faire un coup de main, Ascylte aperçoit à terre un petit sac qui le tente ; il le ramasse sans être vu de personne, et y trouve plusieurs pièces d’or. Joyeux d’un si bon augure, mais craignant les réclamations, nous gagnons une porte de derrière. Un valet y sellait des chevaux ; ayant apparemment oublié quelque chose, il les quitta pour retourner à l’écurie. Profitant de son absence, je détache d’une des selles un superbe manteau ; puis, filant le long des masures jusqu’à la forêt prochaine, nous disparaissons tout à coup. Rassurés enfin par l’épaisseur du bois, nous songeâmes à cacher notre or, tant dans la crainte des voleurs, que de peur de passer pour tels. Nous nous déterminâmes à le coudre dans la doublure d’une vieille robe, et je la mis sur mes épaules. Ascylte se chargea du manteau que j’avais dérobé, et, par des routes détournées, nous nous acheminâmes vers la ville. Mais, au sortir du bois, une voix sinistre frappe nos oreilles : — Ils ne peuvent, disait-on, nous échapper ; ils sont entrés dans la forêt ; partageons-nous, nous les prendrons plus aisément. — Ces mots furent pour nous un coup de fou-