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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/85

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ressemblaient à des voleurs de nuit, voulant s’approprier le manteau, demandent à haute voix qu’on dépose provisoirement entre leurs mains les objets en litige. La justice, disaient-ils, prononcera demain sur ce différend. Il importait peu, selon ces messieurs, de connaître la partie lésée ; il fallait, avant tout, déterrer les véritables voleurs. L’avis du séquestre allait passer ; mais voici que, du milieu de la foule, sort un homme au front chauve et garni d’excroissances charnues, une espèce de solliciteur de procès, qui, s’emparant du manteau, promet de le représenter le lendemain. Le but de ces coquins était évidemment, une fois que le manteau serait entre leurs mains, de le faire disparaître et de nous empêcher, par la crainte d’une accusation de vol, de comparaître à l’assignation. C’était bien aussi ce que nous voulions éviter : le hasard servit les deux parties à souhait. Outré de nous voir faire tant de bruit pour un méchant haillon, le campagnard jette la robe au nez d’Ascylte ; et, pour mettre fin aux débats, il demande le dépôt, en main tierce, du manteau, cause unique du procès. Nous, certains d’avoir ressaisi notre petit trésor, nous gagnons l’auberge à toutes jambes. Là, qu’on juge de notre joie ! nous pûmes gloser à notre aise, à huis clos, sur la finesse et des gens de justice et de notre partie adverse : ils avaient été si ingénieux à nous rendre notre argent ! Nous décousions la robe, pour en tirer notre or, quand nous entendîmes quelqu’un demander à notre hôte quels étaient les gens qui venaient d’entrer chez lui. Cette question ne me