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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/86

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plut guère : à peine son auteur fut-il sorti, que je courus m’informer de l’objet de sa visite. — C’est, me répondit notre hôte, un huissier du préteur ; sa charge consiste à inscrire sur les registres publics les noms des étrangers : il vient d’en voir entrer deux chez moi, dont il n’a point encore pris les noms ; c’est pourquoi il venait s’informer du lieu de leur naissance et de leur profession. — Cette explication que l’hôte me donna sans avoir l’air d’y mettre aucune importance, me fit naître des inquiétudes sur le peu de sûreté de notre gîte. Pour prévenir toute fâcheuse aventure, nous résolûmes de sortir aussitôt de l’auberge, et de n’y rentrer qu’à la nuit. En notre absence, nous laissâmes à Giton le soin de préparer notre souper. Nous voilà donc en marche, évitant avec soin les rues fréquentées, et cherchant les quartiers déserts. Arrivés vers le soir dans un endroit écarté, nous rencontrâmes deux femmes voilées, d’assez bonne tournure ; les ayant suivies de loin, à pas de loup, nous les vîmes entrer dans une espèce de petit temple d’où partait un bruit confus de voix qui semblaient sortir du fond d’un antre. La curiosité nous y fit entrer après elles. Là, nous vîmes un troupeau de femmes qui, pareilles à des Bacchantes, couraient, agitant dans leurs mains droites de petites figures de Priape. Nous ne pûmes en voir davantage. À notre aspect inattendu, le bataillon femelle poussa un cri si épouvantable, que la voûte du temple en trembla. Elles voulaient nous saisir ; mais, rapides comme l’éclair, nous prîmes la fuite vers notre auberge.