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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/93

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y a de plus saint, de ne jamais révéler cet horrible secret. Ensuite parurent plusieurs courtisanes qui nous frottèrent le corps d’une huile parfumée. Oubliant alors notre fatigue, nous endossons des robes de festin, et nous passons dans la salle voisine, où trois lits étaient dressés autour d’une table servie avec la plus grande magnificence. Invités à prendre place, nous débutons par d’excellentes entrées, que nous arrosons largement d’un falerne délicieux. Ensuite différents services se succèdent avec profusion ; et déjà nos yeux, appesantis par le sommeil, commençaient à se fermer : — Qu’est-ce à dire ? s’écrie Quartilla, croyez-vous être ici pour dormir ? cette nuit est due tout entière au culte de Priape.


CHAPITRE XXII.

Toujours piquée des rebuts d’Ascylte, et le voyant tout à fait assoupi, accablé qu’il était de tant de fatigues, Psyché s’amuse à lui barbouiller les lèvres et les épaules avec du charbon, et lui couvre la figure d’un masque de suie ; mais il n’en sentit rien. Moi-même, harassé des persécutions que j’avais souffertes, je commençais à goûter les douceurs du sommeil. Toute la valetaille, tant dans l’intérieur qu’au dehors de la salle, en faisait autant. Vous eussiez vu l’un étendu sous les pieds des convives, l’autre adossé contre un mur, un troisième couché sur le seuil de la porte, tous pêle-mêle, tête contre tête. Les lampes, épuisées, ne donnaient plus qu’une lueur