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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/94

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pâle et mourante, lorsque deux fripons de Syriens se glissèrent à tâtons dans la salle, pour escamoter une bouteille de vin : tandis qu’ils se la disputent avec acharnement près d’une table couverte d’argenterie, elle éclate dans leurs mains. Table, vaisselle, tout est renversé ; et une coupe, en tombant d’assez haut, va briser la tête d’une servante qui dormait sur un lit voisin. La douleur du coup lui arrache un cri subit. Une partie de nos ivrognes se réveillent, et voilà les deux larrons découverts ! Se voyant pris sur le fait, les rusés Syriens se laissent adroitement tomber au pied d’un lit. À les entendre ronfler, on eût dit qu’ils dormaient là depuis deux heures. Déjà, réveillé par ce vacarme, le maître d’hôtel avait ranimé les lampes expirantes ; déjà les valets, frottant leurs yeux encore appesantis par le sommeil, reprenaient leur service, lorsqu’une joueuse de cymbales achève, avec sa bruyante musique, de réveiller les plus paresseux.


CHAPITRE XXIII.

On se remet donc à table de plus belle : Quartilla porte de nouvelles santés ; le son des cymbales excite la gaieté des convives. Alors survint un baladin, le plus insipide de tous les hommes, et digne commensal d’un pareil logis. Après avoir battu des mains pour marquer la mesure, il entonne la chanson suivante :