Page:Pêcheurs de Terre-Neuve, récit d'un ancien pêcheur, 1896.djvu/89

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qu’on ne doive rien tenter pour améliorer le sort des pêcheurs de Terre-Neuve ? Mon récit a fait ressortir ce qu’il y a tout de même d’excessif dans l’épreuve imposée là. Le moyen de les pénétrer d’humanité, ces hommes, et de leur inculquer le respect de la vie, c’est de leur montrer qu’on attache du prix à la leur. Je ressens leur étonnement lorsqu’ils verront ce « navire sauveur » parcourir le Banc sans autre objet que de s’enquérir de leurs besoins matériels et moraux, en même temps que d’y porter secours. Ces gens endurcis par les circonstances, et non réellement durs, douteront d’abord que l’on puisse s’intéresser à eux sans autres mobiles : ils n’y sont pas habitués. À nous de leur prouver que cela se peut.

Que faut-il donc faire ? Quelque chose de très simple. Envoyer soit directement, soit par notre Union[1], son obole à la Société des Œuvres de mer pour lui faciliter l’organisation des secours qu’elle a projetés. Point n’est besoin d’avoir été pêcheur à Terre-Neuve, ni même simplement marin, pour comprendre que la besogne ne manquera pas à un navire qui aura pour mission de parcourir les lieux de pêche et de secourir les quatre ou cinq mille hommes qui vivent là, isolés, pendant six ou sept mois[2]. Car aujourd’hui — lourde

  1. L’Union pour l’Action morale, v. p. 88.
  2. Ce chiffre, approximatif, comprendrait non seulement les pêcheurs du Grand Banc, mais aussi ceux du Banquereau, du Banc-à-Vert et du Banc de Saint-Pierre. Ce sont évidemment ceux du Grand Banc, les plus éloignés de terre, qui ont le plus souvent besoin de secours.