Page:Pages - Recherches sur l’homœopathie.djvu/38

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jamais existé un homme dont les sens aient assez de finesse pour percevoir ces sortes d’agents ? Pourquoi dès-lors les médicaments ne seraient-ils pas doués d’une puissance aussi subtile ?

Ces arguments, irréfutables en apparence, sont d’une mince valeur lorsqu’on vient à les analyser les uns après les autres. Et d’abord, pour ne citer que le cas des miasmes dont parle Gunther, peut-on à bon droit les regarder comme des agents dynamiques ? Ne sait-on pas que la lumière se fait tous les jours sur les miasmes ? que beaucoup d’entr’eux sont dus à des êtres microscopiques, et partant doués d’une vie propre et indépendante ? Si cette hypothèse, que beaucoup d’auteurs, et notamment M. Lafosse, partagent, et qui consiste à attribuer à des germes des animalcules microscopiques la genèse des maladies miasmatiques ou spécifiques, vient à être confirmée, où seront alors ces agents dynamiques ?

Mais cette méthode thérapeutique, indépendamment de sa fausse interprétation sur le mode d’action des médicaments et de sa médication unitaire, serait-elle supérieure à celle suivie jusqu’à présent et que Bichat a si bien critiquée ? « Il n’y a point, dit-il, en matière médicale de systèmes généraux ; mais cette science a été tour à tour influencée par ceux qui ont dominé en médecine ; chacun a reflué sur elle : de là le vague et l’incertitude qu’elle nous présente aujourd’hui. Incohérent assemblage d’opinions elles-mêmes incohérentes, elle est peut-être de toutes les sciences physiologiques celles où se peignent le mieux les travers de l’esprit humain. Que dis-je ! ce n’est point une science pour un esprit méthodique : c’est un ensemble informe d’idées inexactes, d’observations souvent puériles, de moyens illusoires, de formules aussi bizarrement conçues que fastidieusement assemblées. On dit que la pratique de la médecine est rebutante ; je dis plus : elle n’est pas, sous certains rapports, celle d’un