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transformée. Les « villes tentaculaires » sont de gigantesques agglomérations où peinent sans relâche des millions d’êtres ; d’où, chaque matin, d’énormes et rapides véhicules distribuent dans les campagnes les ouvriers qui les cultivent scientifiquement : la nature aussi est domestiquée. Les transports aériens ont supprimé les frontières ; les races et les nations ne sont plus ennemies ; deux ou trois langues seulement sont restées en usage et tendent à se fondre. Il n’y a plus de livres, plus de journaux, mais des téléphonoradiocinématographes ; une sorte d’hypnotisme a remplacé la médecine ; la vie individuelle a fait place à la vie collective ; si le sentiment maternel subsiste, la progéniture des couples appartient à la communauté qui l’élève par des méthodes scientifiques. Toute cette évolution est déduite rigoureusement des données d’il y a trente ans, et le développement qu’imagine l’auteur concorde depuis lors de manière saisissante avec les transformations successives de la réalité. L’année suivante, H.-G. Wells commence, mois

après mois, dans la Fortnightly Review, une série de longs articles qu’il appelle Anticipations (1). Ce n’est plus de la fiction ; ce n’est plus de l’avenir romancé. L’auteur ne fait plus appel au merveilleux scientifique. Il renonce à ses vertigineuses prophéties. Crânement, il s’en prend au présent pour en déduire le futur immédiat, avec quelques envols vers des temps moins prochains. Les questions les plus simples et les problèmes les plus complexes, les préoccupations d’ordre intellectuel et les réalisations pratiques, il aborde tout. Avec un esprit critique singulièrement pénétrant, il examine les données que l’actualité lui fournit et il établit ses pronostics : ce à quoi on est parvenu la veille lui permet de (1) Traduit par Henry D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de

France.