le premier roi de telle ou telle contrée fut élu, cela fit de même la planche pour son successeur ; car avancer que la première élection anéantit le droit de toutes les générations subséquentes, c’est professer une doctrine qui n’a pour penchant, soit dans l’écriture, soit chez les auteurs profanes, que celle du péché originel, où l’on suppose le libre arbitre de tous les hommes détruits dans la personne d’adam. Or, cette comparaison, la seule admissible, n’est rien moins qu’honorable à la cause de l’hérédité. En effet, comme tous les enfans d’adam péchèrent en lui, & comme tous les humains votèrent dans la personne des premiers électeurs ; comme, dans le premier cas, tous furent, au démon assujétis, & dans le second tous furent assujétis à la souveraineté ; comme adam sacrifia notre innocence, & les premiers électeurs l’autorité de chacun de nous, & comme ces deux hypothèses nous ôtent la faculté de recouvrer notre état & nos privilèges primitifs, il s’ensuit incontestablement que le péché originel & l’hérédité de la couronne sont absolument de niveau. Parité honteuse, connexion avilissante ! & toutefois le sophiste le plus adroit ne sauroit imaginer une comparaison plus juste.
Quant à l’usurpation, il ne se trouvera personne assez hardi pour la défendre ; or il est impossible de nier que guillaume-le-conquérant fût un usurpateur. Pour dire la vérité sans déguisement, l’antiquité de la monarchie anglaise ne soutient pas un examen approfondi.
Mais le danger de l’hérédité des trônes est pour le genre-humain d’une toute autre importance que l’absurdité de cette institution. Si elle nous garantissoit une race d’hommes bons & sages, elle auroit le sceau de l’autorité divine ; mais puisqu’elle prostitue indifféremment le sceptre aux mains de