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ORIGINES MORALES.

jettir les hommes à votre génie particulier. Croyez-moi, c’est là de l’ambition. «

En ces noms de Pascal, de Bossuet et de Fénelon se résument les influences littéraires qui ont formé Vauvenargues. Ce furent là les véritables maîtres de son esprit et de sa pensée. Il en avait fort bien conscience, et il leur a rendu un hommage commun dans cet idéal de vie morale et intellectuelle qu’il rêvait un jour : « On voudrait penser comme Pascal, écrire comme Bossuet, parler comme Fénelon ».

En dehors de ces trois grands esprits, nul écrivain du xviie siècle ne paraît avoir exercé d’action notable sur Vauvenargues. Ni Racine qu’il goûtait si délicatement, ni La Fontaine dont il avait deviné le génie poétique, ne lui ont servi de modèles.

La Bruyère n’a pas eu non plus d’influence appréciable sur Vauvenargues, et, malgré le titre, malgré la similitude du cadre, l’Essai sur quelques caractères ne procède pas des Caractères et mœurs de ce siècle. Ce n’est pas que Vauvenargues n’admirât au plus haut degré la perfection littéraire de La Bruyère, « ce coup de pinceau si mâle et si fort, ces tours singuliers et hardis, et ces beautés où l’imitation ne peut atteindre ». C’est même son honneur d’avoir voulu relever La Bruyère du discrédit où, si nous en croyons l’abbé d’Olivet, cet écrivain excellent était tombé dès les premières