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VAUVENARGUES ET LE MARQUIS DE MIRABEAU.

l’honneur d’avoir le premier deviné l’originalité de Vauvenargues et de lui avoir, pour ainsi dire, révélé son génie.

Mirabeau était, à deux mois près, du même âge que Vauvenargues. Leurs familles étaient apparentées. Liés dès l’enfance, élevés probablement à côté l’un de l’autre, ils furent séparés lorsque la carrière militaire les appela à servir dans des régiments différents. C’est à cette circonstance que nous devons une source de précieuses indications sur la nature intime de Vauvenargues, la correspondance qu’il entretint, du jour de leur séparation, avec son ami.

De tous les documents qu’on peut se procurer sur les débuts d’un grand homme ou d’un grand esprit, il n’en est pas de plus significatifs que ses lettres de jeunesse à ses égaux d’âge et de condition. Ces épanchements ont un caractère de sincé-


    Mirabeau ; les éléments les plus contraires s’y combinaient : un égoïsme très accentué se conciliait en lui avec un besoin d’affections, limité, il est vrai, à un très petit nombre de personnes, mais très vif, et avec une préoccupation des intérêts généraux et de l’avenir de l’humanité poussée jusqu’à la monomanie. » Il était emporté, d’ailleurs, voluptueux et despotique. Marié en 1743 avec Geneviève de Vassan, il se sépara d’elle avec éclat en 1757 pour vivre publiquement avec Mme de Pailly. On sait le scandale de ses démêlés avec sa femme et son fils, envers lesquels il eut, entre autres torts, celui de recourir à l’odieux moyen des lettres de cachet. Il mourut le 13 juillet 1789, à l’heure même où s’ouvrait la Révolution.