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VAUVENARGUES.

comme d’autre part Vauvenargues était la générosité même[1], il se trouvait dans de perpétuels embarras d’argent.

Ces considérations échappaient à Mirabeau. À la tête, lui-même, depuis la mort de son père, d’un patrimoine considérable, libre de ses actions et de ses mouvements, ne demeurant à son régiment qu’autant qu’il lui plaisait, résidant la plus grande partie de l’année à Paris ou à Versailles, menant grand train, entretenant des maîtresses, achetant un hôtel et des terres, comment eût-il songé qu’il en allait différemment de son ami ?

Ce n’est pas à Mirabeau d’ailleurs que Vauvenargues va faire confidence de ses misères de fortune ; car s’il s’ouvre pleinement avec lui sur ses idées et sur les choses de l’esprit, c’est à un autre ami qu’il réserve, avec la meilleure part de sa tendresse, le secret de sa vie et de sa pensée, à Fauris de Saint-Vincens[2].

  1. Voir les belles pages qu’il a écrites sur la Liberalité dans les Réflexions sur divers sujets, § 19, et dans l’Essai sur quelques caractères. § 28.
  2. Jules-François-Paul Fauris de Saint-Vincens était fils d’un conseiller à la Chambre des comptes de Provence, et devint conseiller, puis président à mortier du Parlement d’Aix. De trois ans plus jeune que Vauvenargues, il ne mourut qu’en 1798. Il se fit connaître de bonne heure comme érudit et comme antiquaire : le cabinet qu’il avait formé à Aix était un des plus importants de l’époque. L’Académie des inscriptions et belles-lettres l’avait élu membre associé