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VAUVENARGUES ET LE MARQUIS DE MIRABEAU.

Les relations de Vauvenargues avec Fauris de Saint-Vincens nous offrent le modèle accompli de ce que pouvait être l’amitié entre hommes dans l’ancienne société : le champ de la confidence affectueuse était plus vaste alors qu’aujourd’hui. Soit qu’on se réservât plus au dehors, soit que moins de sujets intimes fussent traités et comme divulgués par les livres et les gazettes, on mettait plus de choses dans ses entretiens et dans sa correspondance : la religion, la morale, la politique, la littérature étaient — sans compter les sentiments tout personnels — matière à de continuels épanchements. De là, pour les recueils épistolaires qui nous restent de cette époque, un charme particulier et un intérêt des plus vifs. Par quoi les correspondances échangées de nos jours suppléeront-elles à ce qui leur manquera sous ce rapport ?

C’est donc à Saint-Vincens, à cet ami délicat qui sait tout comprendre, que Vauvenargues fait l’aveu de ses diflicultés d’existence, et plus d’une fois il a recours à ses services.

Un jour même, le besoin d’argent le pousse à une étrange extrémité. Harcelé par les conseils de Mirabeau qui l’attirent à Paris, pressé aussi de s’y rendre pour consulter sur sa santé déjà


    correspondant. Le nom de Saint-Vincens se rattache ainsi au mouvement de curiosité qui porta le xviiie siècle vers l’archéologie grecque et romaine.