elle l’a surpris dans le plus grand désordre de sa fortune ; il a eu la douleur amère de ne pas laisser assez de bien pour payer ses dettes, et n’a pu sauver sa vertu de cette tache[1]. »
Ainsi, d’une part son goût toujours vif pour la carrière des armes, d’autre part ses embarras pécuniaires, déterminent Vauvenargues à repousser encore les instances de Mirabeau et à demeurer au service militaire.
D’ailleurs, une occasion s’offre à lui de mettre en pratique les principes d’action qu’il formule dans ses pensées de chaque jour, et d’acquérir peut-être une part de « cette gloire qui fait les héros ».
La guerre venait d’éclater entre Frédéric II et Marie-Thérèse, et c’était dans la France entière, à la cour, dans les conseils du roi, dans les rangs de la noblesse, un entraînement irrésistible à courir sus à l’Autriche.
À Metz, où il était en garnison (mars 1741), Vauvenargues avait pu voir le maréchal de Belle-Isle précédant les armées dont il venait d’être nommé le généralissime, pour aller, dans le plus magnifique appareil, imposer à la diète de Francfort les volontés de la France. Le prestige de ce personnage qui, dans cette heure décisive, attirait sur lui tous les regards, qui avait l’instinct et la pas-
- ↑ Essai sur quelques caractères, § 1.