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VIE MILITAIRE.

sion de la gloire, qui en toute chose ne formait que de vastes desseins et semblait né pour les accomplir, dut éblouir Vauvenargues comme il avait fasciné toute la jeune noblesse de Versailles.

Le Régiment du Roi entra des premiers en campagne ; au mois de juillet 1741 il était en Bohême. Les heureuses opérations qui avaient amené si rapidement une armée française au cœur de l’Allemagne, la tactique hardie de Belle-Isle, le génie audacieux de Maurice de Saxe et cette escalade merveilleuse de la ville de Prague exécutée de nuit par une poignée d’hommes, pouvaient flatter à bon droit l’esprit entreprenant de Vauvenargues et son goût des actions brillantes et aventureuses.

Mais lorsque la fortune changea, lorsque l’armée de Belle-Isle, bloquée dans Prague et abandonnée par le maréchal de Maillebois, dut évacuer la Bohême et battre en retraite sur le Rhin, le courage de Vauvenargues fut soumis à une de ces épreuves qui trempent pour jamais les âmes. Dans la nuit du 16 au 17 décembre (1742), par un froid terrible, 15 000 hommes sortirent de Prague. À travers un brouillard intense, sur une route obstruée de neige ou glissante de verglas, on fit huit lieues d’une traite pour échapper à la vue de la cavalerie de Lobkowitz qui tenait la campagne. Malgré la défense expresse du maréchal, les officiers s’étaient