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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/58

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VAUVENARGUES.

tombé du haut de ses espérances, vaincu et disgracié. Il avait assisté en Bohème aux querelles mesquines et désastreuses des maréchaux. Lorsqu’il gisait à l’hôpital, souffrant d’épuisement et des meurtrissures de ses jambes, il avait pu y percevoir l’écho des plaisanteries et des railleries par lesquelles on avait accueilli à Paris et à Versailles la nouvelle de cette retraite héroïque où une armée française s’était sacrifiée pour sauver son honneur :

Quand Belle-Isle partit,
Une nuit,
De Prague à petit bruit,
Il disait à la lune :
« Lumière de mes jours,
Astre de ma fortune.
Prolongez votre cours ».
Pour un plus grand dessein,
Un matin,
Josué fit soudain
Retourner en arrière
L’astre brillant du jour ;
Il cherchait la lumière ;
Fouquet la craint toujours.

Frédéric II, qui nous a fait la honte de consigner ce couplet dans son Histoire, a ajouté : « En pareille occasion, on aurait jeûné à Londres, exposé le sacrement à Rome, coupé des têtes à Vienne ; il valait encore mieux se consoler par une épigramme ».

L’esprit même de l’armée était bien changé