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VAUVENARGUES.

cantonnent, et forment jusque dans les camps de petites sociétés où ils s’entretiennent encore du bon ton, et regrettent l’oisiveté et les délices de Paris. Ces messieurs s’ennuient du genre de vie que l’on mène à l’armée ; et comment pourraient-ils s’en contenter, n’ayant ni le talent de la guerre, ni l’estime de leurs troupes, ni le goût de la gloire ? » Et il achève le tableau par cette phrase où l’allusion personnelle est évidente : « Pendant ce temps, les officiers sont accablés de dépenses que le faste des supérieurs introduit et favorise ; et bientôt le dérangement de leurs affaires, ou l’impossibilité de parvenir et de mettre en pratique leurs talents, les obligent à se retirer, parce que les gens de courage ne sauraient longtemps souffrir l’injustice ouverte, et que ceux qui travaillent pour la gloire ne peuvent se fixer à un état où l’on ne recueille aujourd’hui que de la honte ».

Ces diverses raisons mûrement considérées, le parti d’abandonner le service militaire s’était arrêté dans son esprit. L’ambition littéraire était étrangère à cette décision, et les conseils de Mirabeau n’y étaient pour rien. À cette époque de sa vie, Vauvenargues conservait encore un goût trop vif de l’action extérieure pour se laisser attirer vers la carrière des lettres. Il songeait à la diplomatie.

Cette idée s’était présentée déjà à son esprit quelques mois auparavant, dans l’intervalle des deux