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les antinomies entre l’individu et la société

triels faisant partie d’un même trust ou cartel, mais ne s’en faisant pas moins concurrence). On conçoit que l’égoïsme et l’envie puissent porter plus d’une fois l’individu, comme le remarque M. Pareto, à préférer un état où la prospérité du groupe serait moindre mais où tous pâtiraient également à un état plus prospère, mais où lui, individu, serait personnellement défavorisé.

En tous cas, il y a antinomie entre l’individu et le mécanisme social de la répartition en ce que, quel que soit le régime de répartition, ce régime même ne va jamais sans une répercussion fâcheuse sur l’individualité psychologique et morale. Le régime de la propriété individuelle assure sans doute ou du moins rend accessible aux individus une certaine indépendance économique et par voie de conséquence une certaine liberté de vie privée et une certaine indépendance morale. Mais d’abord il n’assure ce bienfait qu’à ceux qui possèdent. Ensuite, même par ces derniers la propriété individuelle n’est pas toujours et absolument une cause et une garantie d’indépendance. Qui dira le labeur, les servitudes, les humiliations souvent, auxquelles il faut se contraindre, en régime bourgeois, pour acquérir et garder le cher argent ? M. O. Effertz, dans son livre : Les Antagonismes économiques, en a dressé une liste édifiante[1].

  1. Les Antagonismes économiques, p. 482 et sqq. « Vous êtes propriétaire d’un magasin de vente ? Si vous ne vous résignez pas