Page:Pallegoix - Description du royaume Thai ou Siam, 1854, tome 1.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 175 —

chair de porc, mais à bien meilleur marché. Les Cambogiens ont une autre méthode bien singulière pour tuer le crocodile : au bout d’un long bambou est un croc acéré qu’ils traînent à la suite de leur barque et qu’ils font mouvoir de manière à pouvoir accrocher l’animal quelque part. Pendant qu’il se débat, on passe un nœud coulant à sa queue, dont on coupe l’extrémité, alors on enfonce un long rotin dans la moelle des vertèbres ; à mesure qu’il enfonce, le crocodile perd sa force, et à peine le rotin est-il parvenu à la moelle de la tête, que l’animal expire.

Sur le bord des rivières ou des étangs on rencontre souvent un petit crocodile terrestre de cinq à huit pieds de long ; il n’attaque pas l’homme, il se nourrit de petits quadrupèdes, de poissons et d’animaux crevés. Sa démarche est pesante, sa couleur est d’un gris qui tire sur le noir, tout son extérieur est hideux et dégoûtant. Parmi les lézards le plus grand est le takuet, qui a trois ou quatre pieds de long ; il a deux langues ou, pour mieux dire, sa langue est bifide ; selon le style du pays, il est regardé comme l’emblème d’un homme fourbe et trompeur. Le tukë a tout au plus un pied de long ; sa peau est toute pointée de rouge ; il habite